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6 novembre 2009 5 06 /11 /novembre /2009 00:02

Photographie Ernest Puerta

Nos bibliothèques tiennent sur nos paumes, ces paumes puissantes capables de tenir le couteau, le couteau qui racle la chair d’un homme pris vivant, qui dépèce ses muscles, tout, jusqu’à l’os, du poignet jusqu’à l’épaule. Des paumes puissantes capables de faire ça. Et après se les laver. Parce que nous ne sommes pas des saints. Nous savons. Nos mains sont rouges. Couleur incrustée dans la masse. Alors nous tenons nos mains occupées, grève du meurtre ici et aujourd’hui ! Sur les lignes de vie, nous lisons les textes que nous avons palmcastés. Des textes, des images, du son. Nos bibliothèques sont sur nos paumes : nous avons développé à force de temps et d’accidents des formes nouvelles de partage et de vie. Nous sommes des hommes de main, volatils, inquiétants.

Nous suivons Kafka et nous le devançons, entre les lignes aujourd’hui je lis : la littérature est un bond hors du rang des meurtriers. De la pulpe des doigts, sur ma paume, j’écris ces mots que déjà vous lisez et j’envoie. Et ça part, c’est parti, pour frapper en plein dans le corps des vivants. Nos mains sont vertes.

Mais nous savons. Nous ne sommes pas des saints. Demain, il faudra recommencer. Nos mains sont rouges. Sisyphe, va, va te rhabiller.




Invitation croisée entre Juliette Mezenc et moi par le jeu des  vases communicants, initié par François Bon, animé par Jérôme Denis et Pierre Ménard. Grand plaisir

Les autres vases :
paumée et Tentatives
frédérique martin et humeurnoirte
balmalok et lignes de vie
enfantissages et la méduse et le renard
36 poses et la vie dangereuse
journal écrit et liminaire
à chat perché et kms
zoë lucinder et biffures chroniques

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commentaires

E
<br /> Juliette, c'est toujours avec autant de plaisir que je vous suis dans vos expérimentations, agrémentées par le changement de décor, du blanc au noir, au rouge, de la paume, aux livres, à la<br /> bibliothèque...<br /> <br /> <br />
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D
<br /> Moi, mes mains restent blanches mais elles gardent la mémoire du rouge.<br /> <br /> <br />
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Z
<br /> Il viendra le temps où ils surviendront en criant "les paumes en l'air", "lâchez vos claviers" "fermez les clapets", "en rang par deux"<br /> <br /> <br />
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L
<br /> J'aime cette phrase qui donne le titre à votre texte. Pourtant j'ai peur. Les mots sont utilisés à toutes les sauces. Les juristes, les commerciaux, les managers, les députés, les journalistes, les<br /> écrivains. On avance caché derrière comme les légionnaires romains quand ils faisaient la tortue.<br /> <br /> <br />
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P
<br /> Vous dites "dépèce", et Cécile "coeur" : j'aime bien cette image au miroir comme ces vases communicant. Nous avons au bout de nos doigts un petit bout de notre coeur, aussi bien, et aussi bien<br /> l'objectivité de la narration (tout comme celle du chiffre) n'a de vraie réalité qu'illusoire et pétrie de mauvaises intentions : notre coeur, notre raison, nos amours et nos haines, nos sentiments<br /> et ressentiments, tout cela tiendrait dans une image de notre regard, ou dans celle de notre bibliothèque, peut-être des auteurs qui en peuplent, plutôt moins, les rangs. Ils ne sont plus là, ne<br /> reste à nos yeux que ce qu'ils nous ont écrit : peut-être est-ce une substance d'eux-mêmes, ou seulement une scorie. On ne sait pas. On ne veut pas savoir. On veut juste continuer d'exister. Voilà<br /> tout.<br /> <br /> <br />
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