Photographie Ernest Puerta
Nos bibliothèques tiennent sur nos paumes, ces paumes puissantes capables de tenir le couteau, le couteau qui racle la chair d’un homme pris vivant, qui dépèce ses muscles, tout, jusqu’à l’os, du poignet jusqu’à l’épaule. Des paumes puissantes capables de faire ça. Et après se les laver. Parce que nous ne sommes pas des saints. Nous savons. Nos mains sont rouges. Couleur incrustée dans la masse. Alors nous tenons nos mains occupées, grève du meurtre ici et aujourd’hui ! Sur les lignes de vie, nous lisons les textes que nous avons palmcastés. Des textes, des images, du son. Nos bibliothèques sont sur nos paumes : nous avons développé à force de temps et d’accidents des formes nouvelles de partage et de vie. Nous sommes des hommes de main, volatils, inquiétants.
Nous suivons Kafka et nous le devançons, entre les lignes aujourd’hui je lis : la littérature est un bond hors du rang des meurtriers. De la pulpe des doigts, sur ma paume, j’écris ces mots que déjà vous lisez et j’envoie. Et ça part, c’est parti, pour frapper en plein dans le corps des vivants. Nos mains sont vertes.
Mais nous savons. Nous ne sommes pas des saints. Demain, il faudra recommencer. Nos mains sont rouges. Sisyphe, va, va te rhabiller.
Invitation croisée entre Juliette Mezenc et moi par le jeu des vases communicants, initié par François Bon, animé par Jérôme Denis et Pierre Ménard. Grand plaisir
Les autres vases :
paumée et Tentatives
frédérique martin et humeurnoirte
balmalok et lignes de vie
enfantissages et la méduse et le renard
36 poses et la vie dangereuse
journal écrit et liminaire
à chat perché et kms
zoë lucinder et biffures chroniques