Il se trouve que cet après-midi, je me suis retrouvée dans une salle d'attente. Pour attendre. Dans une salle d'attente, on ne peut rien faire d'autre. Au début on essaie, on se débat, on sort son bouquin. Je n'avais pas n'importe lequel, j'avais Cosmoz, de Claro, ça permet de tenir. Sauf que, dans la salle d'attente, c'est un peu comme pour Oz, on ne sait jamais si c'est pour dans cinq minutes ou pour dans dix mille ans. On entend des pas qui vont, qui viennent, jamais pour soi. Que ce soit pour se faire retirer une dent, pour un rendez-vous avec une comptable, un gynéco, un directeur, ou bien le loup lui-même, c'est toujours pareil, l'attente. Lentement, elle vous mange. Au bout d'un moment le livre tombe tout seul, parce qu'il n'y a plus personne au bout des mains, il n'y a que l'attente faite chair, blanche, blanche, blanche, et bête à en lire Voici-voilà, et même pas.
Parce qu'au bout d'un moment, entre cinq minutes et dix mille ans environ, s'impose cette question : y a t-il quelque chose derrière la porte de la salle d'attente? Ou bien le monde s'arrête t-il là?