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8 décembre 2010 3 08 /12 /décembre /2010 11:10

IMGP2996

Engagée ces derniers temps dans un chantier titanesque. Quelque chose d'entièrement nouveau, qui mettra tout le monde sur le flanc. Quelque chose qui satisfasse l'universel besoin ancré au plus profond de nos hypothalames, l'universel besoin de vitesse. Et celui, aussi, de réduire au plus les frottements d'avec la matière (surtout celle du bas). Quelque chose qui permette de charrier beaucoup plus lourd, beaucoup plus loin. Ce travail : trouver la forme juste qui combine immobilité absolue, vitesse multipliée, distance, résidence. Oui, ça mettra tout le monde sur le flanc. Ou même sur le cul, si en même temps j'invente la banquette en moleskine.

Et ensuite, je m'attaque à l'eau chaude.

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30 novembre 2010 2 30 /11 /novembre /2010 00:00

HPIM6783-copie-1.JPG

 

En ce moment, préoccupée par des histoires de connectique. En atelier d'écriture, j'essaie de retrouver les bons liens entre des personnages au nombre exponentiellement croissant. Je déplie les enfants, c'est comme ça qu'on dit pour rendre visible les liens entre deux items, l'un découlant de l'autre. Sur ce blog, je remets à jour ma liste de liens, ce que je n'avais pas fait depuis des mois, et c'était une honte car en manquait un bon paquet et pas des moindres. Je n'en suis même pas à bout.

Et, revenant dans le monde réel, qu'est-ce que je dois faire? Trouver une prise qui puisse relier mon ordinateur à un vidéoprojecteur, afin de pouvoir montrer des choses sur écran le 10 décembre à cette soirée organisée par Remue.net à la Scène du balcon . Je serai tout à fait reconnaissante à celles et ceux qui sacrifieront leur vendredi soir pour venir constater si oui ou non j'ai trouvé la bonne prise.

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23 novembre 2010 2 23 /11 /novembre /2010 13:59

 

  Photo0477

 

Objet perdu : objet précieux. Préciosité moins monétaire qu’affective. La trace que l’objet laisse en nous en est l’aune. Ce que sa perte provoque : un sentiment d’exil, d’irréversibilité. La perte d’un objet nous fait croire à l’existence des événements, à l’idée qu’il y a un avant, un après, et que s’il en est ainsi pour les objets il doit en être de même pour nous. La perte d’un objet nous apprivoise à l’idée de l’après-nous.
Des jalons de perte comme ça, j’en ai aussi. Des objets chéris que rien n’efface parce que justement ils ne sont plus visibles.
Mais il y a aussi des pertes d’objets insignifiants, et pourquoi donc on tairait ces pertes là ?
Je suis pour ma part confrontée à la perte de chaussettes. Plus exactement, à la perte de chaussette, au singulier, car c’est bien cela qui est embêtant, de perdre une seule chaussette et non les deux.
La perte de chaussette n’est pas un traumatisme en soi. C’est la répétition qui use. C’est surtout, avec la répétition, l’augmentation considérable du volume à consacrer pour conserver les autres chaussettes, celles qui, de la paire originelle, restent, et dont on ne sait plus que faire puisque les chaussettes vont généralement par deux.
Le phénomène de la perte de chaussette est subtil et paradoxal. Là où la perte d’un objet précieux creuse le monde, la perte de chaussette l’augmente dangereusement, lui rajoute de la matière.
Cette matière proliférante, on peut tenter de la réduire, mais c’est une gageure, un travail de Sisyphe : car toujours de nouvelles pertes viennent augmenter le tas des chaussettes orphelines. Régulièrement on tente de reconstituer des paires. Il serait fastidieux d’explorer toutes les méthodes expérimentées pour que chacune retrouve sa chacune : on les étale, on les classe par taille, par couleur, par degré d’usure, puis, au sein d’une même couleur, par motif, par texture, par épaisseur de bordure, par, par, par… On a parfois la joie intense d’apparier de nouveau deux petites socquettes blanches à bord dentelé, mais pour le reste ? Le reste continue d’être matière inutile, matière en attente.
Car qui oserait jeter la chaussette survivante sans avoir la preuve absolue et définitive que l’autre est perdue sans espoir ? Ce serait une attitude bien légère. Qu’on songe en effet, qu’il est rare de sortir ses chaussettes de chez soi, sauf par paires et vissées aux pieds. D’où il ressort qu’une chaussette perdue n’est jamais qu’une chaussette égarée, qu’une chaussette encore là.
Par cet espoir tenace de retrouvailles qu’il instille en nous, le phénomène de la perte de chaussette vient sournoisement saper l’idée même de la perte. Car si la paire de chaussettes obéit comme les autres objets et personnes à la règle de la disparition inéluctable, la chaussette, en tant qu’elle est singulière et orpheline, en tant qu’elle est inutile, existe sous le régime de l’éternité.
Et ce n’est pas le moindre des paradoxes, que ce soit ce petit amas de mailles insignifiant qui vienne contredire, de façon si exaspérante, tous nos désespoirs.

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18 novembre 2010 4 18 /11 /novembre /2010 10:08

 

balle

 

Au hasard des pages web feuilletées ce matin, cette phrase : "Bourse, rebond poussif". Je clique, m'en vais illico (taux de rebond élevé). Puis, interrogation "rebond poussif, bourse" : multiples occurences depuis 2008. Ce n'est donc pas maladresse, mais expression consacrée. Et c'est vrai : admirons le bel accolage :

- manière d'instiller l'espoir et de le contredire la seconde d'après,

- manière de suggérer la bourse en grand animal fatigué, courbaturé, mais plein encore de bonne volonté,

- manière de figurer le marché en boule de pétanque lancée à pleine vitesse contre le sol empoussiéré de nos sociétés vieillissantes. On s'étonne encore qu'elle n'ait pas redécollé aussitôt.

Rien n'est dit, en revanche, du résultat de l'action précédente, le même petit cochonnet toujours efficacement dégommé.

 

Et notre plus grand souhait, toujours, celui de rapporter.

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8 novembre 2010 1 08 /11 /novembre /2010 12:26

 

Photo0413

 

Derrière une vitrine : un trou. Ce n'est pas tous les jours, un trou en vitrine. Les trous d'habitude on les cache. Les trous sont honteux, c'est comme ça. On met toujours quelque chose par dessus un trou, une culotte, un bouchon, un couvercle, une chape de béton, une anti-sèche. Ca dépend des trous.

Mais voilà, ce jour là, le trou était en vitrine. Ca laisse tout loisir pour penser soi-même quoi mettre par dessus ce trou, derrière cette vitre. Quoi exposer une fois qu'on en a fini avec le trou, qu'on pense en avoir fini avec le trou.

On pourrait y faire voir tout plein de beaux produits, tout plein de pleins qui feraient oublier le trou.

Ou alors, on se trompe. Le trou n'est pas provisoire. Ce n'est pas un chantier destiné à autre chose qu'à lui-même. Le trou, devenu sa propre finalité. Le trou exposé. Mais une exposition de trou, est-ce encore un trou?

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21 octobre 2010 4 21 /10 /octobre /2010 21:11

 

 

IMGP4120

J'aurais bien pu y aller, toute cette semaine, au lycée. Pas pour mener ateliers d'écriture : à l'intérieur il n'y avait pas d'élèves, ou peu. Mais je me suis posé la question, dois-je y aller quand même, aller voir, témoigner de ce blocage parmi d'autres? Et puis non, je n'y suis pas allée. Parce que, quoi? Qu'aurais-je pu voir et en dire, dans ce feu de l'action si facile à scénariser? Qu'aurais-je pu voir et en dire qui donne justice à ce qui se passe? Et de quel droit l'aurais-je dit? J'aurais peut-être pu faire quelques photos de poubelles qui crament. J'aurais pu faire la subtile, séparer, devant la grille du lycée, ceux qui viennent pour casser et puis les autres. J'aurais pu gloser sur la jeunesse. Mais je n'en connais rien d'autre que la mienne qui s'éloigne et celle de mes enfants qui se dessine à petits traits. C'est bien pour cela que je suis heureuse de faire cette résidence en lycée, pour m'approcher d'une classe d'âge que dans ma vie actuelle je ne fréquente pas, pour m'en approcher seulement, sans chercher forcément à avoir à en dire quelque chose, mais avec la ferme intention d'aller voir les personnes derrière le rideau de discours tout préparés et un peu rances qu'on nous sert régulièrement. Eh bien alors, c'était le moment? Non, ce n'était pas le moment. Ce n'était pas le moment car je crains beaucoup l'intérêt (dans tous les sens du terme) qu'on pourrait trouver à interpréter ce type de témoignage, à y trouver des preuves supplémentaires pour des opinions déjà faites.

Donc, planquée? Peut-être bien. Je n'ai jamais eu d'autre impression où que j'aille et quoique je fasse, que celle-ci, de n'être pas où les choses se passent. Mais c'est dans ce vide, peut-être, entre là où l'on est et là où les choses se passent, qu'il y a possibilité d'écriture.

Donc, la seule chose qui a cramé pour moi cette semaine, c'est le feu périphérique de ma gazinière.

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14 octobre 2010 4 14 /10 /octobre /2010 14:01

 

HPIM6777

 

Après un atelier d'écriture ce matin, je trainais un peu en salle des profs. L'ambiance était un peu flottante, moins structurée et lisible que d'habitude. Les autres jours, la salle des profs fonctionne en pulsation très distincte : grand vide pendant l'heure ou presque, puis afflux soudain entre les deux sonneries, conversations rapides, fonctionnement à plein des machines à café et photocopieuses, et la minute d'après il n'y a plus personne, ou presque. Là, restait à demeure un groupe, à la configuration aussi incertaine et changeante qu'un nuage, en fonction de qui allait téléphoner, fumer une cigarette, consulter les dernières nouvelles d'occupation de lycées dans les environs. Un groupe de grévistes, d'autres pas, mais beaucoup sans cours faute d'élèves, ayant appelé de leur côté à une journée école déserte. Au fil de la matinée se sont égrénées des informations, tel élève blessé au flash ball à Montreuil, 1000 personnes devant la préfecture de Bobigny, et des AG signalées dans différents lycées. A midi, ce fut déballage de sacs plastiques, ouverture chips guacamole surimi, coupage poulet saucisson ; l'AG commençait. Entendu que la RATP regardait la SNCF, la SNCF regardait le privé, les lycées se regardaient entre eux et regardaient les lycéens commencer de s'organiser. Partir, repartir, voter pour cela, parier sur le nombre, cette fois-ci cela semblait possible, et moi pendant ce temps là je mangeais des chips en sachant qu'à la fin je n'aurais pas à lever le bras, et qu'est-ce que ça veut dire d'être là dans ce cas. J'en étais là de ma question, quand une des profs est revenue de la salle des casiers avec quelques draps blancs, et une bombe noire, déclarant qu'il y avait ce qu'il fallait pour faire les panneaux de la prochaine manifestation.

Toutes les écritures commencent par ça, le cadeau d'une matière disponible sur quoi inscrire, et qui s'y prête. Plus du noir à projeter, graver, cracher.

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20 septembre 2010 1 20 /09 /septembre /2010 21:39

  PAINS mie

 

De quoi se nourrir? Du réel, de tout façon il n'y a que ça.

Simplement voilà, on est tellement habitués au glacage par dessus, à tout ce falbala de décoration, de fiction, d'amélioration, que tout nu, tout cru, le gros gâteau semble pâteux, désespérement prévisible. On est là devant, obligés à remâcher, remâcher, remâcher. Et moi je vous le dis tout net : si c'est ça, je n'en irai pas de mon petit couteau pour vous découper une belle tranche de réel en plus. Là n'est pas mon appétit.

C'est qu'on nous trompe de vitrine.

Dans cette manne qu'on nous décrit si fade qu'il faut l'ensucrer, si la même de partout qu'il faudrait la truffer de pépites, se cache quelque chose qui n'a pourtant rien de la fève.

Subitement sous la dent gicle une veine, un jus, un sang acide et tranché qui vous renverse de dégoût, de délice. Car le réel n'est pas de mie, mais de chair, et je suis cannibale communiante mangeant mon proche réel. Il est encore palpitant, vivant sous la dent.

L'étrangeté nous est propre. En nous, entre nous, coule un sang, celui de la beauté et du hasard. C'est cela qui nous nourrit sans nous rassasier, à s'en manger la main.

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31 août 2010 2 31 /08 /août /2010 11:20

Photo0185

Angine épouvantable, extinction de voix : ça tombe bien, demain je dois présenter oralement le projet de résidence aux 110 professeurs du Lycée Henri Wallon. Ce sont le genre de petites niches (non fiscales, même s'il y a un prix à payer) que la vie vous réserve, et qui prémunit assez bien contre l'esprit de sérieux.

Pas grave, écrire, c'est une manière silencieuse d'explorer la voix. Silencieuse, au moins dans un premier temps. Ce silence là, c'est comme un nid. Dedans mûrissent des chants, des cris, des déflagrations pour après.

Et puisqu'il s'agit du prix de parler, lire absolument ce très beau texte de François Bon, où j'ai retrouvé ce que j'avais perçu chez lui un jour, après une lecture, de cette nécessité de retrait après parole

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28 août 2010 6 28 /08 /août /2010 14:32

IMGP2336

Un certain nombre de plots ont été installés au devant de nous.  Ils sont là, ils cantonnent nos cheminements. Nous restons en deça, toujours, car nous savons qu'ils sont là pour notre sécurité. Ceci est fort bien, mais il se trouve que plus le temps passe plus il y a lieu de s'interroger sur la finalité exacte de ces voies préservées. Nous n'avons pas forcément beaucoup de force, sauf peut-être celle de refuser la peur. Nous pouvons, parfois, sans vandalisme mais avec détermination, desceller de temps en temps quelques plots et aller voir là où on ne nous attend pas : dans l'espace public.

Ces quelques mots pour enfoncer le clou, après avoir descellé les plots je conçois que cela soit troublant mais c'est ainsi, sur ce qui m'intéresse dans un projet d'écriture au Lycée Henri Wallon. Vous trouverez ici un texte un peu plus long présentant mon projet.

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